samedi 18 février 2017

#127 - Une bribe d'étoile filante

Assise sur le sol des toilettes, des lambeaux de cadres, des souvenirs de photos, des traces de patafix s'arrachent tranquillement.  Dans la pièce d'à côté, T & A s'occupent du radiateur, du lessivage des murs, de la peinture. A défaut de voir les nuages blancs du dehors, je regarde les formes qui vont et viennent dans les haillons de tapisserie. Un sapin, une virgule. Souvent une comète ou une étoile filante. 
Osciller encore entre la joie tranquille de ce travail qu'on voit progresser et une pointe d'amertume. 

J'aimerais rester, peindre les murs pour moi, ne plus trembler. Trop tard. Trop de fatigue. Je regarde le papier peint s'effiler. 

Une étole fuyante. 

dimanche 12 février 2017

#126 - Craqueler

Elle me demande si j'aime lire, moi.
Je réponds en riant, comme si la question était naturelle. Pourtant, il y a dans la gorge une faïence craquelée.

#125 - Cliquer sur des sourires maltés

On a relu dix fois les dates et les heures, le départ l'arrivée. Les cases du calendrier. On a ouvert des onglets en pagailles pour vérifier ce qui se passerait, si on changeait le jour, si on changeait la ville.

(Si on changeait le jour ?
Si on changeait la ville ?
Tout cela sonne comme des propositions qu'on accepterait peut-être, un jour ou l'autre. )


On a relu dix fois la clause étrange sur les sièges. On a fini par admettre que nos bagages pourraient voyager, qu'une collation serait servie. On ne sait toujours pas si ce sera à nous, si on sera debout.


(Est-ce que ce sera à nous ?
Est-ce qu'on sera debout ?
Tout cela sonne comme des avenirs qu'on questionne.)

On a repris les petites lignes.
Et puis on a fini par cliquer sur.
Valider.

Cliquer, le sourire sûr
Vers le mois de juillet.

Et trinquer.

#124 - Au Savagnin

Ce n'est pas cela qui fait la soirée, qui réchauffe la cuisine, qui permet de détendre tous les muscles et les nerfs - éprouvés ces derniers temps. Ce n'est pas cela qui alimente les conversations, qui instaure la confiance qui permet l'abandon total dans le canapé. Pas cela qui nous lie quand on discute dans la voiture, la chambre, le grenier, la cuisine.  Pas cela qui donne à lire les derniers textes en cours, et de quoi cogiter. Non, ce n'est pas cela qui donne au week-end l'apaisement dont on avait tant besoin. Mais quand même, les fins de semaine sont comme les fondues : meilleures avec du Savagnin. 

dimanche 5 février 2017

Légendes : 17 - Saumure



On raconte qu'il faut se coller, tout contre le fragment du mur, avant de plonger. Et puis, sortir de l'eau, en lapant le sel de la peau. Ça préserve, paraît-il. 

#123 - Une bribe des rires à venir

Il a fallu partir, encore une fois, dans la nuit. Prendre d'autres clés. Un drap, un livre, un duvet de douceur. Il a fallu demander, une fois encore. Et c'est dur à chaque fois, demander si, voir comment, s'excuser de, mais là vraiment. 
Devant la molette qui résiste et les heures qui filent, c'est l'abattement. La grande fatigue. Au moment du renoncement, juste, elle donne un autre code. A un chiffre d'écart, vers minuit moins le quart, c'était l'orage ou l'accalmie. 

Du fond de la fatigue, je pense, sous le duvet, qu'on en rira un jour. Qu'on balaiera en un éclat les voix qui grattent, les cris qui heurtent, l'intranquilité, la crainte. Qu'on re-tissera les nerfs craqués, qu'on recollera les plombs pétés, qu'on reprisera les tympans craquelés. 
Je pense à la confiance et au refuge à retrouver, aux rires qui viendront avec les cartons. 

Légendes : 16 - Ramures



On raconte que la pierre des maisons lui fait comme un corset, à contenir les neurones et les bras. Alors, en construisant la sienne, elle aurait omis les vitres, volontairement. Histoire de laisser passer les branches amies et les ramures de rêves.