mardi 20 mars 2018

#146 - Une bribe de blue screen of death

Cela commence toujours avec une petite bête. Une qui sait renifler les failles et s'y glisser, l'air de rien. Une Suinulle qui vient s'installer l'air de rien, attirée par l'odeur d'un raté, d'une fatigue, d'un geste maladroit, d'un complexe indicible, d'une question qui ne trouve pas de sortie. 
La bestiole fait son nid dans les cavités délaissées par une ancienne congénère, ou creuse dans les chairs pour se faire une place pour l'hiver. Elle s'endort, parfois. Elle attend, tapie derrière un sourire ou se blottit sous les cicatrices encore chaudes. Préoccupation.
Le mal est fait. 
Le chemin est tout tracé et voilà que bientôt, ce sont des dizaines de Suinulle qui se faufilent et écartent les parois de la faille. Le système est ouvert à tous les vents. Elles se font un foyer, au chaud, arrachant les nerfs pour alimenter leur téléviseurs, suivant les dendrites, grignotant les neurones, paralysant les muscles jusqu'à se sentir tout à fait chez elles. Cafards.

Le système lutte comme il peut. Mais parfois il n'arrive plus à endiguer la prolifération des Suinulles. Il ne parvient ni à refermer la faille tout à fait, ni à traiter l'intégralité des tissus attaqués. Occupation.
Erreur système. 
Ecran bleu. 

Décrasser tout, ouvrir les vannes et laisser les Suinulles sortir, emportées par les courant lacrymaux et respiratoires. Même si cela heurte les poumons et les paupières auxquels ils s'accrochent, même si ça laisse ensuite les courants amers de honte et de fatigue, il faut les déloger. En croisant les doigts bien fort pour qu'il n'y en ait pas une ou deux qui soient restés, à l'abri, l'air de rien, dans un repli du ventre. 

Relancer la machine, alors, en ne sachant pas toujours trouver l'équilibre entre s'ouvrir et se protéger. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire